Mes gens,
il y a près de 4 mois maintenant, notre famille a subi une perte immense. La maman de mon mari, ma petite Belle-Maman, nous a quittés après 7 mois de lutte courageuse contre un cancer foudroyant.
Lorsque le diagnostic est tombé l'an dernier, chacun a réagi à sa façon : mon homme a serré les rangs avec ses frères autour de leur papa, mon aîné a accentué les travers de son adolescence naissante, les petits m'ont posé des questions très directes.
De mon côté, j'ai essayé différentes options pour calmer les crises d'angoisse qui m'empêchaient de respirer. J'ai essayé de recommencer à fumer, tentative avortée au bout de 3 cigarettes. J'ai voulu me saoûler, mais j'atteins vite mes limites quand il s'agit de boire. J'aurais bien enfiler des baskets pour aller courir, mais mon cul taille XXL m'a opposé une résistance impossible à vaincre.
Bref, quelques pastilles ordonnancées par le médecin m'ont permis de récupérer mes facultés respiratoires.
Puis il a fallu serrer les dents. Avancer. Soutenir. Pleurer, beaucoup. Encore aujourd'hui, et encore pour longtemps.
J'adorais ma belle-mère. Elle a fait mentir le fameux mythe pendant les 16 années où j'ai eu la chance de partager sa vie. J'ai eu le bonheur immense de rencontrer une grande dame, de bénéficier de son intelligence, son humour et son amour infini.
J'ai vu la dévotion et l'abnégation chez mon Beau-Papa, présent tous les jours aux côtés de la femme de sa vie, espérant tout en sachant l'inéluctable, passant ses journées à veiller son épouse aux soins palliatifs. L'amour, le déchirement, le chagrin.
J'ai vu mon époux être un homme fort, un fils anéanti, un frère aimant et un père attentif. J'ai essayé de l'aider, de le soutenir de toutes mes forces, tout en préservant mes enfants. J'ai cadenassé mon chagrin au maximum pour être là pour lui, pour eux.
Et j'ai découvert la puissance de vie d'un potager. Aussi risible que cela puisse paraître, j'avais trouvé mon exutoire.
Voir la vie éclore, c'était quelque part prendre une revanche sur ce que nous avons traversé et que nous traversons encore.
Planter une graine, attraper la terre à pleines mains, soigner et arroser, puis voir sortir les premières feuilles, tout ça me soutient et m'apaise.
Je donne la vie. Parce qu'on m'en a pris une.
Me voilà devenue une fille de la terre. Logique finalement pour une amoureuse de la campagne et du bocage, qui rêve d'hectares de prairies et de forêts, de vent et de calme.
Aujourd'hui, même s'il ne s'agit que de quelques tomates rougissantes et autres courges, je voulais partager avec vous ma fierté. Car être fier de soi et trouver un peu d'apaisement ne tient pas à grand chose quand on y pense.
Je vous souhaite à tous de trouver ce coin de paix, qu'il soit végétal, musical, amoureux, ou tout ça à la fois.